Chère aux vieux films de gangsters et aux romans policiers, l’expression « mettre au parfum » signifie placer quelqu’un dans la confidence, lui donner un renseignement précieux.
Le terme parfum fait ici allusion au flair qui permet de suivre une piste.
Depuis juin 1996, nous sommes souvent intervenus pour les sociétés d’un groupe français leader mondial de produits de luxe. Ces entreprises françaises de parfumeries et cosmétiques toutes filiales de ce groupe, nous ont maintes fois mandatés pour retrouver les auteurs de vols perpétrés dans les boutiques et magasins dépositaires de leurs marques et parfois même de frets destinés à l’Etranger.
Le 24 juin 1996, à quelques kilomètres de Béville-Le-Comte (Eure et Loire) où était située la société de production d’une des grandes enseignes de ce groupe industriel, un commando d’hommes armés et cagoulés s’emparaient d’un camion semi-remorque rempli de sept tonnes de parfums et eaux de toilettes en partance pour l’aéroport de Roissy ; une marchandise destinée aux USA pour les magasins dépositaires de la marque. Le conducteur de ce camion fut séquestré un long moment dans le coffre d’une voiture avant d’être abandonné en pleine forêt et menotté à un arbre.
Le poids-lourd et son précieux contenu estimé à plusieurs millions de francs à l’époque, fut détourné dans un entrepôt dans le 93 et une fois vidé de son contenu, abandonné sur la commune de Saint-Mandé.
Près de cinq mois s’écoulèrent avant que les flacons de parfums et eaux de toilettes ne refassent parlé d’eux sur trois parfumeries de Rennes. C’est par fax que des individus proposèrent à ces établissements l’achat d’une centaine de cartons de parfums, eaux de parfum et eaux de toilette de la marque de notre cliente. Ces trois établissements de parfumerie avaient pour propriétaires les membres d’une seule et même famille ; tous dépositaires de la marque de ces produits, ils se doutaient bien que ces articles provenaient certainement de vols et qu’ils seraient tôt ou tard revendus sur des marchés parallèles.
Ces gérants de magasins entrèrent en contact avec les services juridiques de la holding de notre cliente qui décidèrent de diligenter une enquête auprès de notre agence.
Au cours de leurs recherches, notre équipe d’enquêteurs s’est rendue compte qu’un groupe d’individus proposaient également à des professionnels de la parfumerie peu scrupuleux ou à des particuliers des lots de parfums de la marque de notre cliente. Nous avons identifié le titulaire de la ligne téléphonique d’où émanait le fax initialement envoyé aux parfumeries de Rennes ; notre mécanique d’investigations s’est très vite mise en marche :
Surveillances et filatures ont menées nos détectives jusqu’à La Garenne-Colombes (92) et plus précisément jusqu’à la loge d’une gardienne d’immeuble de l’Avenue Foch.
Cette dernière, la cinquantaine, disposait chez elle près de 250 flacons de parfums, eaux de parfums et eaux de toilettes de notre cliente, mais aussi de plusieurs centaines de boîtes de crèmes de beauté d’autres grandes marques françaises provenant d’un stock destiné lui à la destruction et qui avait été récupéré frauduleusement.
Si certains clients venaient faire leurs emplettes ou passer commande sur place chez cette gardienne, celle-ci était épaulée par son mari (53 ans) et sa fille (30 ans), pour le démarchage.
Les flacons de parfums et autres produits de notre cliente étaient plutôt destinés à des ventes plus importantes, notamment à des grossistes de province.
En poursuivant nos investigations, nos détectives sont remontés jusqu’au fournisseur de la famille de cette gardienne, un certain Jean-Pierre (30 ans) domicilié à La Courneuve (92) par ailleurs déjà connu des services de police.
Nous nous sommes fait passer pour les représentants de magasins de parfumeries situés en Tunisie ; nous avons négocié avec ce Jean-Pierre l’achat de 2000 flacons de la marque de notre cliente à 50 % de leur valeur et demandé où serait livrée la marchandise ; la loge de la gardienne nous fut indiquée.
C’est à l’occasion de ce rendez-vous, de cet échange et du chargement de la marchandise dans notre camionnette que les services de Police de la 1ère Brigade Territoriale de Police judiciaire de Paris purent arrêter Jean-Pierre et ses trois premiers complices.
Ces derniers furent entendus et écroués parce qu’ils restaient muets quant à la provenance des produits et à leurs éventuelles participations au braquage du 24 juin.
Ce n’est que quelques jours après leurs arrestations que la gardienne, son mari et sa fille ont indiqués le lieu où était entreposé le reste de la marchandise volée ; un entrepôt situé à Garonor dans le 93.
Interrogé, le propriétaire de cet entrepôt indiquait à nos détectives les identités de ses locataires qui furent rapidement interpellés par les gendarmes de Rennes initialement chargés à l’origine des investigations avec les détectives de notre agence.
Une société italienne de vêtements, représentante des grandes marques de références sportives, fit appel à nos services en septembre 1999 à la demande du Directeur Général de son entrepôt sur la commune de Villepinte (93) ; celui-ci avait déjà constaté un préjudice de 150.000 Frs en 1998 sur la vente des leurs produits et 200.000 Frs sur les six premiers mois de l’année 1999.
Les soupçons du Directeur Général de cet établissement se portaient principalement sur quelques uns de ses manutentionnaires qui manipulaient les marchandises, notamment ceux qui les chargeaient les jeudis et vendredis soirs dans des camions venus les emporter pour les livrer dans les magasins dépositaires de l’enseigne sportive en France. Ce chef d’établissement pensait que deux ou trois de ses employés principalement des caristes détournaient une partie de cette marchandise et se livraient à un trafic quelconque pour revendre ces produits à des clubs de football ou associations sportives dans le seul but de s’enrichir.
Durant trois semaines, nous avons surveillé trois jeudis et trois vendredis de suite de 16 à 19 heures, les abords de l’entreprise. Nous nous sommes vite rendus-compte que lorsque tous les salariés avaient quittés les lieux, un seul d’entre-deux revenait sur place une demi-heure plus tard au volant de sa voiture break.
Après avoir composé un code d’accès, il entrait dans l’entrepôt et chargeait le coffre de sa voiture d’une dizaine d’articles mis sous vide et repartait au bout de cinq minutes comme si de rien était.
Quand il arrivait chez lui à 20 kilomètres de là, il déchargeait sa voiture de tous les articles qu’il venait de voler et les engrangeait dans son garage.
Nous nous sommes également aperçus qu’il se rendait souvent seul en province pour y rencontrer des directeurs de clubs de football de diverses communes à qui il remettait quelques marchandises ; des grands sacs de sport remplis de polos et tee-shirts, des shorts, chaussettes et même des chaussures ; soit il faisait don de quelques articles à ces clubs de jeunes footballeurs, soit il les vendait à la moitié de leur prix de vente.
Le Directeur Général de cette entreprise sur Villepinte (93) pris connaissance des photos et vidéos que nous avions faites les soirs où cette personne était revenue voler ces divers articles. Il fut extrêmement surpris et très peiné de constater que le voleur était son Directeur Commercial, un cadre en qui il avait une grande confiance.
Sur nos conseils et avec l’autorisation du PDG italien de l’entreprise, il déposa plainte contre son Directeur Commercial ; notre compte rendu de mission mais aussi nos photos et vidéos furent saisis et annexés à notre rapport d’enquête par la police judiciaire.
Lorsque le vendredi suivant, les policiers du commissariat de Villepinte aidés de la gendarmerie locale voulurent arrêter ce cadre d’entreprise au moment même où il s’apprêtait à repartir chez lui avec son butin du soir, tous furent surpris de le voir prendre la fuite. En effet, lorsque les véhicules de police s’arrêtèrent devant le sien pour le stopper, il fit une marche arrière, pris le sens giratoire situé devant l’entreprise en contre-sens, s’engageât sur l’autoroute également en contre-sens et disparu durant quelques jours.
Entre-temps, les policiers procédèrent à une perquisition à son domicile où ils mirent sa conjointe au courant des faits ; ils y trouvèrent un stock important d’articles de sport que son mari avait détourné de l’entreprise et le saisir ; son épouse fut arrêtée et mis en garde à vue pour complicité de vols.
Mis au courant de l’arrestation de sa conjointe, ce n’est qu’en milieu de la semaine suivante que le directeur commercial se présenta de lui-même au commissariat de police pour se constituer prisonnier. Mis en garde à vue et déféré au Parquet, il écopa de plusieurs années de prison notamment pour refus d’obtempérer, délit de fuite, mise en danger d’autrui sur une autoroute en roulant à contre sens, vols et recels de produits volé et fraudes fiscales ; bien évidement, son permis de conduite lui fut retiré. Sa conjointe n’étant pas au courant que les articles avaient été volés par son mari fut relâchée, celui-ci lui ayant fait croire depuis deux ans que son employeur faisait des dons à des clubs de jeunes sportifs.
En janvier 2002, le responsable des achats et le directeur adjoint d’une grande maison française de couture et de produits de luxe notamment en maroquinerie, avaient sollicités nos services lorsque leur société de production installée en Normandie s’était fait cambrioler ses entrepôts ; des quantités importantes de palettes de produits, des parfums et eaux de toilettes y avaient été dérobés une nuit de week-end par une bande d’individus très organisée qui acheminaient leurs « butins » jusqu’en Suisse.
La nuit du cambriolage, un témoin qui promenait son chien aux abords de l’entreprise, avait remarqué qu’un groupe d’individus armés de fusils d’assaut avaient garé leurs deux berlines haut-de-gamme devant l’entrée du parking de l’entreprise afin de dissuader quiconque de vouloir les empêcher d’agir, pendant qu’un autre groupe de personnes s’afférait à sortir des palettes de son entrepôt pour les charger dans un semi-remorque qu’ils avaient amené à cet effet.
Notre équipe d’enquêteurs avaient retrouvé en partie certains des produits volés dans des magasins liés à la grande distribution sur Genève, Bern et Lausanne et ce, grâce à leurs numéros de lots et de contremarques que nous avaient préalablement communiqués le PDG de cette société de production. Nous avions également retrouvé dans ces établissements des produits volés d’autres grandes marques françaises productrices de parfums et cosmétiques.
A l’issue de notre mission, la Vice-présidente du Tribunal de Grande Instance de Rouen qui instruisait ce dossier, nous avait reçu dans le but de nous faire travailler avec les unités de polices, celles de la gendarmerie et des douanes françaises pour leur expliquer comment était organisé ce réseau de contrevenants ; savoir comment ils opéraient pour s’introduire dans les industries pour y dérober des marchandises en grandes quantités et les acheminer vers l’Etranger.
Cette collaboration avec les autorités judiciaires françaises dans le cadre d’une Commission Rogatoire Internationale, nous a permis de remonter la filière de ces criminels en Suisse jusque dans certains pays de l’Est.
En décembre 2003, nous sommes de nouveau intervenus pour cette même entreprise française de produits de luxe à la demande de son Directeur Général, lorsque leurs entrepôts de La Courneuve en région parisienne furent victimes de vols de marchandises par l’un de ses livreurs sans savoir exactement de quel chauffeur il s’agissait.
A l’issue de notre intervention, l’individu fautif fut identifié et l’appartement où ses complices stockaient les produits volés depuis six mois fut localisé. Le chauffeur fut arrêté en flagrant délit de vol avec six de ses complices par la BAC (Brigade Anti Criminalité) de Saint-Denis que nous avions saisi pour leurs interpellations.
Ils furent arrêtés dans leur appartement de Saint-Denis et déférés au Parquet de Villepinte pour y être jugés en comparution immédiate le 23 décembre 2003.
Le responsable logistique des entrepôts de cette grande maison productrice de produits de luxe, nous informait quelques jours plus tard que tous les articles volés depuis plusieurs mois dans ses entrepôts furent récupérés dans l’appartement des voleurs ; ces produits dégriffés étaient destinés à être revendus sur un marché parallèle à l’Etranger.
L’opération fut donc un grand succès.
Nous sommes intervenus en septembre 2016 dans ce même cadre d’enquête sur la commune de Sartrouville (78) pour une grande enseigne de la photographie. Cette entreprise leader européen dans la création de livres photo et cadeaux personnalisés s’était fait voler par semaine jusqu’à trois palettes de 54 rouleaux argentiques chacune durant trois ans ; le préjudice (démarque inconnue) fut estimée entre 600.000 et 700.000 €.
Durant deux mois d’enquête (octobre à novembre 2016), « planques », surveillances, filatures et géo localisations des palettes dérobées, nous ont permis d’identifier les auteurs de ces vols, leurs domiciles ainsi que leurs complices en passant par leurs lieux de recels, jusqu’à leurs commanditaires au Maroc. Ils avaient même organisé tout un réseau d’entreprises spécialisées dans le développement de photos mais aussi des sociétés de locations de véhicules et salons de réceptions notamment pour des mariages, qu’ils avaient créé leur permettant ainsi de blanchir l’argent de leurs recels.
Plus de 85.000 € de rouleaux argentiques furent récupérés lors de leurs arrestations.
Neuf personnes furent misent en causes dans cette affaire dont deux femmes ont été mises sous contrôle judiciaire ; les sept autres ont été condamnées et incarcérées pour vols, détournements de marchandises, recels de vols de biens provenant de vols en bandes organisées, association de malfaiteurs et coulages de marchandises, fraudes fiscales et blanchiment d’argent.